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DEUX DE TROUVÉES

rats, pour les souris, etc. Dans une grande armoire, dont la porte vitrée laissait voir les tablettes, on voyait, rangées suivant leurs grosseurs, des dames-jeannes soigneusement bouchées. Ces dames-jeannes contenaient des reptiles vivants, tels que serpents à sonnettes, serpents sourds, congres, etc., tous reptiles dont la morsure était mortelle. Ce nègre Congo était celui-là même qui avait enseigné au docteur Rivard la recette du poison, dont il avait voulu ce soir même essayer l’effet sur Pierre de St. Luc.

Il pouvait être neuf heures du soir ; un feu de charbon brûlait dans une espèce de cheminée, et répandait une faible lueur dans la cabane, sans l’éclairer cependant assez pour reconnaître la physionomie d’un gros nègre, assis sur une bûche de bois auprès du feu. La conversation était animée entre ces deux individus ; le vendeur de poisons refusait obstinément de découvrir à l’autre certains secrets, que ce dernier semblait déterminé à obtenir.

— Tu me le diras ! dit Trim en se levant, car le visiteur nocturne était Trim ; tu me le diras ou je te jure que je te dénoncerai à la police.

— Chut ! répondit le Congo, en baissant la voix, j’entends les pas d’un cheval dans la boue.

En effet un cheval, attelé à un cabriolet couvert, approchait de la cabane du nègre, qui était sorti avec Trim sur le seuil de la porte. Avant que la voiture arrivât, Trim se retira dans l’ombre de la porte.

Un certain sifflement discret avertit le Congo qu’on voulait lui parler en secret. Il s’avança près de la voiture, jeta un coup-d’œil furtif sur les deux personnes qu’elle contenait, et avançant la tête vers