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DEUX DE TROUVÉES

tait avec colère, ne laissèrent plus de doute à Pierre de St. Luc, que ses geôliers voulaient le faire mourir sous les morsures mortelles du serpent, qu’ils venaient de jeter dans son cachot. Les éclairs qui commençaient à se succéder avec rapidité, lui firent voir un énorme serpent à sonnettes, replié en spirales sur lui-même, la tête élevée, les yeux jetant des flammes et se balançant, comme s’il se préparait à s’élancer sur quelqu’objet que Pierre ne pouvait apercevoir.

Le capitaine, dont l’âme, si fortement trempée aux épreuves de la vie dans sa carrière de marin, n’avait pas un instant faibli depuis son emprisonnement, commença à sentir son courage et sa fermeté lui manquer. Pour la première fois, il eut peur de mourir : lui qui s’était accoutumé à envisager la mort au milieu des balles et des batailles, entourée de l’excitation et de l’enthousiasme du combat, ne put supporter l’idée de la voir venir sous une forme aussi hideuse que celle sous laquelle elle se présentait en ce moment. Tout le temps qu’il était demeuré dans le cachot, malgré l’abandon dans lequel on l’avait laissé, malgré les mauvais traitements qu’on lui avait fait subir, il avait toujours conservé un espoir, faible il est vrai, mais assez puissant pour lui faire supporter sa situation, que ses géoliers finiraient par lui rendre sa liberté. Ce qui, peut-être plus que tout le reste, avait contribué à soutenir son courage, c’est qu’il comptait sur son équipage et surtout sur son fidèle Trim, qui ne manqueraient pas de faire les plus minutieuses perquisitions, aussitôt qu’ils se seraient aperçu de sa disparition. Mais quand il se vit livré, lié et garotté, aux morsures du plus dangereux des reptiles : oh ! alors son espoir s’évanouit et sa ferme-