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UNE DE PERDUE

un duel qui eut lieu à la carabine avec un Créole Louisianais. Le père Meunier fut obligé, pour le soustraire aux recherches de la police, de le faire embarquer secrètement à bord d’un navire qui partait pour le Hâvre.

Ce premier voyage de Pierre, à l’âge de dix-neuf ans, détermina son goût pour la mer.

C’était son plus grand plaisir de monter dans les mâts, de courir sur les vergues, de monter par les haubans du mât d’artimon et de descendre par le beaupré, en se laissant glisser par les étais du hunier de la misaine.

Pierre passa deux ans à Paris, visita les principales villes du Continent, et après avoir fait un séjour de six mois à Londres, revint à la Nouvelle-Orléans, où son goût pour la marine se réveilla avec tant de force, que le père Meunier ne crut pouvoir mieux faire, que de le remettre sous les soins du capitaine Frémont, pour lui faire faire son apprentissage de marin.

Au moment où nous parlons, Pierre avait vingt-sept ans, et il était capitaine du Zéphyr depuis trois ans.

Un grand changement s’était opéré dans son caractère et son comportement, depuis qu’il s’était vu maître absolu à bord d’un vaisseau, ayant sous sa responsabilité la vie des matelots et des passagers, les biens de son armateur, l’honneur de son pavillon et sa réputation de marin.

Un peu brusque dans ses façons, il savait néanmoins plaire par ses manières pleines d’aisance et de noblesse. Naturellement vif et bouillant, il s’étudiait à conserver son sang-froid et à rester calme