Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
DEUX DE TROUVÉES

ce soir, s’il a la fièvre. Je reviendrai demain matin, et je verrai ce qu’il y aura à faire.

— Et que pensez-vous de sa plaie au front ?

— Ça ne sera rien ; elle commence à se cicatriser ; il serait bon de lui tenir un linge mouillé sur le front pour diminuer l’inflammation. Demain, je pense qu’il pourra se lever sans danger et manger comme d’habitude.

Le capitaine dormit encore plus d’une heure après le départ du docteur Fortin. En se réveillant, il aperçut Mathilde au pied du lit, la tête appuyée dans une de ses mains et pleurant ; sa couture était tombée sur le tapis. Sa mère l’avait laissée seule pour aller surveiller les préparatifs du souper, lui ordonnant de venir l’avertir aussitôt que le malade se réveillerait. Le capitaine, par délicatesse et pour ne pas causer de confusion à cette jeune fille en la surprenant au milieu des pleurs, fit semblant de continuer à dormir et se retourna dans son lit. Mathilde tressaillit, ramassa sa couture et s’essuya les yeux ; un profond soupir s’échappa de sa poitrine, et alla réveiller jusqu’au fond de son cœur la sympathie de Pierre. « Pauvre enfant, pensa-t-il, il y a quelqu’amour désappointé ou quelque grande douleur dans son cœur si candide ! hélas, si jeune ! »

Quand il crut que la jeune fille avait eu le temps de sécher ses pleurs, il fit un mouvement et se frotta les yeux. Mathilde courut aussitôt appeler sa mère, qui apporta un bouillon. Le capitaine se sentait considérablement rafraîchi par son paisible sommeil.

— Il me semble que j’ai dormi bien longtemps, dit-il, quel heure est-il ?