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UNE DE PERDUE

du consul anglais, se retira en arrière et se confondit dans la foule ; mais non sans avoir jeté une malédiction au gros Tom et lui avoir promis « qu’ils se reverraient peut-être plus tôt qu’il ne pensait. »

— Tant mieux, et nous nous frotterons ; avait répondu Tom.

Un instant après, cette bande de curieux s’ouvrit pour laisser passer le capitaine Pierre et les jeunes demoiselles.

— Je vous recommande bien ma chère Sara, Sir Gosford, disait le consul au monsieur anglais, elle est nerveuse ; j’espère que vous la rassurerez et que vous lui tiendrez lieu de père.

— Soyez tranquille, aussitôt arrivé à la Nouvelle-Orléans, je vous écrirai le résultat de notre traversée. Elle ne sera pas longue, six jours tout au plus.

Sara et son amie embrassèrent le consul, qui, ayant échangé un salut d’adieu avec Sir Gosford, tendit la main au capitaine en lui recommandant sa fille.

Les passagers étant tous embarqués dans la chaloupe, les matelots poussèrent au large.

— M. de St. Luc ! cria le consul, pardon, j’oubliais de vous donner cette lettre pour Monsieur Meunier.

— Oui, oui, monsieur.

— Adieu mon père, cria Sara ; et la chaloupe s’élança vers le vaisseau qui, ayant levé l’ancre, louvoyait dans le port en courant de petites bordées sous son petit hunier, et son grand foc.

En entendant prononcer le nom de St. Luc, l’homme au feutre blanc et à la blouse grise, fit un mouvement de surprise, regarda le consul anglais, puis examina attentivement le capitaine Pierre.