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DEUX DE TROUVÉES

Au moment où Pierre se relevait, la figure encore toute baignée de pleurs, Madame Regnaud entrait dans le salon. Elle fut fort étonnée de voir le capitaine tout en larmes, et s’empressa de lui en demander la cause. Il lui montra du doigt le journal qui était sur la table.

— Ah ! s’écria Mde. Regnaud, cette Mathilde ! je lui avais bien recommandé pourtant de cacher toutes les gazettes. Mais aussi qui aurait pu se douter que vous seriez si matinal !

— N’en voulez pas à mademoiselle Mathilde de son oubli, répondit le capitaine avec un soupir, tôt ou tard j’aurais appris cette fâcheuse nouvelle ; peut-être valait-il mieux que ce fut de cette manière, car c’était la volonté de Dieu, et il me donne la force de la supporter.

— Oui, mon pauvre Pierre, continua Mde. Regnaud qui savait qu’il n’y a rien de si propre à calmer les grandes douleurs que d’y associer le nom de Dieu, c’était la volonté de Dieu, et tout ce qu’il fait est pour le mieux. Soumettons-nous avec résignation à ses volontés, c’est le moyen de lui être agréable et de reconnaître son infinie bonté.

— C’est ce que j’ai fait, ma bonne Mde. Regnaud, et je me sens plein de force et de résignation.

— J’entends quelqu’un ouvrir la porte de la cuisine.

— Tiens ! c’est toi, Trim, s’écria Mde. Regnaud.

— Oui, madame, répondit Trim en faisant un salut.

— As-tu amené M. Léonard ? demanda le capitaine.

— Oui, li l’été à la porte, où moué a dit à li d’attendé jusqu’à ce que vous diré li pour vini.