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DEUX DE TROUVÉES

Ce ne fut qu’avec la plus grande difficulté que le capitaine put obtenir de Trim qu’il entrât dans sa chambre pour prendre part aux délibérations qui allaient avoir lieu ; et quand il fut entré, il fut impossible de le décider à prendre une chaise, il voulut absolument rester debout.

Le capitaine demeura plus de deux heures renfermé avec ces deux hommes, dans sa chambre, en secrète consultation.

Quand il sortit pour aller déjeûner, sa figure était pâle, son front soucieux, son regard fixe ; il tenait à la main la petite bouteille de poison, que Pierrot avait donné à Trim, lorsque celui-ci suivit le mulâtre dans le jardin de M. Meunier. Avant d’entrer dans la salle à déjeûner, où l’attendait Mde. Regnaud et sa fille, le capitaine enveloppa soigneusement la petite bouteille dans un morceau de chamois et la mit dans sa poche de gilet.

Après avoir présenté ses excuses à Mde. Regnaud et à sa demoiselle de les avoir fait attendre, ils s’assirent à la table, sans dire un mot. Le repas se passa dans le plus grand silence, mais non sans une grande envie de la part de Mde. Regnaud d’apprendre l’histoire du capitaine. De temps en temps elle jetait un coup d’œil furtif sur ce dernier, qui, sans lever les yeux de dessus son assiette, mangeait plus de l’air d’un homme qui accomplit une œuvre de nécessité et d’habitude, que pour satisfaire un appétit qu’il ne semblait pas avoir. Avant de se lever de table cependant, il dit à Mde. Regnaud :

— Vous devez avoir hâte de savoir comment il se fait que l’on m’ait cru mort, et que l’on ait enterré un étranger pour moi.