Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
UNE DE PERDUE

— Eh bien ! oui, Pierre ; j’avoue que j’en suis assez curieuse.

— J’ai été la victime d’un odieux mais habile complot, et c’est afin d’en découvrir les auteurs que je vous demande la permission de rester encore quelques jours avec vous. J’ai besoin de rester caché pour quelque temps aux yeux du monde, qui doit me croire mort.

— Certainement ; reste tant que tu voudras.

— J’aurai encore besoin d’abuser de votre bonté jusqu’au point de vous prier de vouloir bien me permettre de recevoir dans ma chambre quelques personnes que j’ai prié M. Léonard d’aller chercher.

— Mais sans doute. Je t’ai déjà dit que tu étais chez toi ; ne te gênes pas, sans cela tu me ferais de la peine et à Mathilde aussi.

Le capitaine jeta un coup d’œil sur la jeune fille, dont la douce figure un peu pâle s’anima sous le regard de Pierre, en s’entendant nommer par sa mère.

— J’ai encore une faveur à vous demander, c’est de me permettre de vous faire attendre encore quelques jours, avant de vous raconter mon histoire.

— Tu ne pourrais pas nous en dire un petit bout, tout petit ; demanda Mde. Regnaud, dont la démangeaison, à l’endroit de la curiosité, tenait de cette vertu si intactement préservée par son sexe, depuis qu’elle lui fut spécialement léguée par notre première mère.

— Excusez-moi pour le présent.

— Ah ! Pierre.

— Ah ! monsieur Pierre, ajouta timidement Mathilde.