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DEUX DE TROUVÉES

larmes, à la lecture de ce dernier document de M. Meunier, où il parlait de son fils adoptif en termes si nobles et si affectueux ; et par un retour tout naturel, il frissonna d’indignation à l’idée que le docteur Rivard avait été sur le point de toucher, de ses mains homicides, le dépôt sacré que son père lui avait légué.

Le capitaine avait à peine eu le temps de sécher ses larmes et il avait encore les yeux tout rouges, quand M. Léonard arriva accompagné de l’avocat qu’il avait été chercher. C’était M. Préau, jeune avocat encore à son début, mais qui annonçait un de ces talents distingués, qui devait plus tard briller au barreau comme un météore, et dont déjà le public Louisianais commençait à pressentir l’apparition. D’une figure intelligente, d’un maintien modeste et sans prétention, il ne frappait pas par son apparence ; d’un jugement sain et d’un esprit solide et vif, il saisissait d’un coup d’œil les difficultés d’une affaire, et en approfondissait les mérites et les difficultés.

Le capitaine lui expliqua en peu de mots, la situation des affaires ; et après avoir arrangé entre eux la conduite qu’ils devaient tenir respectivement, le capitaine lui remit le mandat d’arrêt que le juge de paix avait lancé contre le docteur Rivard.

M. Préau, avant de se rendre à la Cour des Preuves, passa à l’étude de Sieur Legros, qui lui donna l’extrait de sépulture du fils de M. Meunier.

Comme midi sonnait, une voiture, stores baissés, contenant deux hommes et une femme, arrivait à la Place d’Armes, en face du Palais de Justice, où se tenait la Cour des Preuves. Le cocher demeura sur son siège, et personne ne sortit de la voiture.