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DEUX DE TROUVÉES

lui appartient à tant de titres, il est ici un homme qui doit être bien heureux de revoir le fils de son meilleur ami, celui qu’il aimait à l’égal de son fils, comme son honneur le juge vient de vous le dire ; un homme dont la douleur avait été si grande en apprenant la mort de M. de St Luc, qu’il avoua à son honneur que la vie lui était à charge ; un homme, que nous avons tous vu au jour des funérailles du prétendu M. de St. Luc, baigné dans les pleurs et plongé dans la plus amère des douleurs. Cet homme, c’est M. le docteur Rivard ! M. le docteur Rivard qui semble, en ce moment, tellement affecté par le bonheur de revoir le fils de son meilleur ami, qu’il peut à peine maîtriser la violence de l’émotion que lui a causé le plaisir de revoir celui qu’il désespérait de presser jamais sur son cœur, en souvenir de M. Meunier. Un excès de joie, comme un excès de douleur, est toujours dangereux ; et ses effets sont souvent aussi violents ! M. de St. Luc ne peut, certes, qu’être infiniment reconnaissant envers M. le docteur Rivard, pour les sentiments d’affection et de bienveillance qu’il lui a témoignés en présence de son honneur M. le juge ; et cela dans un moment où les paroles de M. Rivard ne pouvaient être dictées par l’intérêt, puisque c’était alors qu’il croyait, comme tout le monde, que M. de St. Luc était véritablement mort. Aussi m’est-il bien agréable de rendre au docteur Rivard, ce témoignage d’approbation que ses sentiments lui méritent à si juste titre. Et j’espère qu’on ne m’accusera pas d’être emporté au delà des bornes d’une juste admiration pour ses vertus, si je saisis cette occasion de lui présenter, devant cette audience, la plus haute appréciation qu’un homme public puisse faire des qualités de M. le docteur Rivard. »