Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
342
UNE DE PERDUE

l’été contents, mais nous l’été pas contents de quitter li, pour couri la ville sans savoir you l’allé. Les blancs pas voulé employé nous, paceque nous l’été plus esclaves ; et l’esclaves pas voulé palé à nous, paceque nous l’été plus esclaves itou. Tout l’monde abandonné nous, si piti maître l’abandonné nous.

— C’est ça nous pensé, comme a dit Pierrot, ajoutèrent les autres.

— Vous avez raison, leur répondit le capitaine, d’un ton affectueux ; je ne vous abandonne pas, je ne vous chasse pas. Quand vous aurez besoin, je serai toujours prêt à vous aider de ma bourse et de mes conseils ; vous pouvez venir ici quand vous voudrez, ma maison vous sera toujours ouverte ; vous y trouverez toujours un lit pour vous coucher, un morceau de pain pour manger, tant que vous vous comporterez comme il faut. M. Meunier, votre maitre, a voulu que vous fussiez libres après sa mort, et il serait bien fâché dans le ciel, s’il apprenait que je n’ai pas exécuté, et que vous, vous avez refusé ce qu’il avait désiré. Vous lui feriez de la peine. Vous ne voulez pas lui faire de peine, n’est-ce pas ?

— Oh non ! non, crièrent-ils tous ensemble.

— Eh bien ! dans ce cas-là, que voulez-vous donc ?

— Nous voulons tous rester avec vous.

— Mais, mes enfants, considérez que je ne puis pas toujours rester ici. Je vais être obligé d’aller bientôt au Canada, pour des affaires importantes ; c’est un pays bien éloigné, il y fait bien froid, et je ne pourrais pas vous y amener, vous y gèleriez.

— C’est égal : gardez-nous avec li tant que pas parti.

— Vous ne seriez pas plus avancés quand je partirais ; tandis qu’en vous plaçant maintenant, je pour-