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UNE DE PERDUE

il ne s’était proposé que d’user de ruses et d’intrigues, maintenant il voyait qu’il lui faudrait ajouter un crime de plus à ceux qu’il allait commettre ; peut-être un assassinat serait-il nécessaire. Il tenait dans ses mains les fils d’une trame qu’il avait ourdie avec soin, pour s’emparer de la succession d’Alphonse Meunier ; et l’arrivée subite de Pierre de St. Luc pouvait tout détruire ; il connaissait parfaitement son homme. M. Pluchon était dans ses mains un agent actif et sûr, qu’il faisait mouvoir à son gré ; il était d’ailleurs certain de sa discrétion, ayant toujours eu le soin de ne pas se compromettre directement lui-même, et tenant en main les preuves suffisantes pour faire condamner Pluchon pour deux ou trois crimes, dont un seul lui eut valu la potence. Le Dr. Rivard agissait d’autant plus sûrement, qu’il passait dans le monde pour un parfait honnête homme, pieux, dévot et fréquentant régulièrement les églises.

— Eh bien ! qu’en pensez-vous M. Pluchon ? Qu’allons-nous faire ?

— Ma foi, je n’en sais rien. Je crois que tout est perdu, fors l’honneur, comme on dit.

Dans toute autre circonstance, le Dr. Rivard n’eut pu s’empêcher de rire d’entendre Pluchon parler d’honneur, mais d’autres choses l’occupaient en ce moment.

— Non, tout n’est pas perdu, seulement il faudra un peu plus d’activité, peut-être un peu plus d’argent, voilà tout. Pour l’activité, je crois que vous n’en manquez pas ; quant à l’argent, nous en avons assez, Dieu merci !

— Que faut-il faire ?