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UNE DE PERDUE

heure le temps était à peu près calme ; le navire cependant continuait à plonger à la lame, et tanguait considérablement.

En un instant toutes les soutes aux cordages, aux voiles, aux mâts de rechanges, furent ouvertes. La plus grande activité régnait sur le pont, qui avait changé son apparence de guerre pour celle d’un vaste atelier où cent bras étaient activement employés.

Le capitaine, qui se sentait soulagé d’une immense responsabilité, descendit à la cabine.

— Eh bien ! capitaine, quelle nouvelle ?

— Le vent est tombé. Si le calme peut durer vers les trois heures de l’après-midi, nous aurons réparé nos avaries, jumelé les mâts, remplacé nos voiles, et après cela qu’il souffle tant qu’il voudra, nous sommes sauvés.

— Et vous croyez que le calme tiendra ?

— Il y a toute apparence.

Cette nouvelle fut reçue comme une bénédiction du ciel, puis chacun s’empressa de monter encore une fois sur le pont, où un spectacle bien différent de celui qu’ils y avaient vu une heure auparavant, vint frapper leurs regards. À l’arrière, la corvette, un peu en dehors de la portée de canon, se balançait lourdement et s’élevait sur les lames, ayant toutes ses voiles dehors. Le Zéphyr aussi portait ses voiles, qui clapotaient sur les mâts à chaque roulis du vaisseau.

Le temps était chaud, le soleil dardant à pic ses rayons brûlants ; quelques nuages gris restaient stationnaires au firmament, et semblaient contempler ces deux vaisseaux prêts à s’entre-détruire, et qui