Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
DEUX DE TROUVÉES.

— Il sera trop tard !

— Trop tard ? et pourquoi ? vous ne pensez pas que tous les canards partiront demain ?

— Qu’ils partent ou ne partent pas, j’ai besoin de ces embarcations cette nuit même, vous ne me les refuserez pas, j’espère ; vous ferez votre prix et je vous payerai.

— Je vous ai dit déjà que c’était impossible.

— Oui dà ! Nous verrons puis élevant la voix de manière à être entendu par les hommes de police qui s’étaient couchés à plat ventre dans l’herbe, « je vous dis que j’ai besoin de ces embarcations et qu’il ne faut pas que personne les touche avant moi. »

Le vieux Laté ne répondit rien d’abord, il pensa en lui-même aux moyens d’empêcher Tom de s’emparer des embarcations sans user de violence, sentant d’ailleurs qu’il n’était pas en mesure de résister à Tom, dont la taille annonçait une force non commune. Après quelques instants de réflexion, pendant lesquels il avait arrangé ses plans pour priver Tom de l’usage de ses embarcations, il lui dit avec un ton d’assez bonne humeur :

— Eh ! bien, monsieur, s’il vous en faut absolument une, nous allons en parler à ma vieille ; et ce qu’elle dira, décidera la question.

— À la bonne heure, M. Laté, j’aime à vous entendre parler raison comme ça.

— Vous voyez bien que ce n’est pas par mauvaise volonté. Si vous voulez entrer et fumer une pape auprès du feu, vous pourrez en parler à ma femme. Tenez, emportez cette brochetée de dorade, et je vous suis avec le reste.