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UNE DE PERDUE

St. Luc suivit quelques instants des yeux la dernière figure du quadrille qui achevait, puis se tournant vers celle dont le bras s’appuyait au sien, il lui dit eu la regardant attentivement :

— Si elle n’était pas votre sœur et si elle ne vous ressemblait pas autant, je dirais qu’elle est bien belle et bien jolie.

Hermine, qui avait baissé les yeux sous le regard de St Luc, se remit aussitôt et répondit d’un ton enjoué :

— Vraiment, M. de St. Luc, je ne croirai plus à votre franchise ; vous veniez de nous dire que vous ne disiez que ce que vous pensiez.

— Et c’est pour cela que je vous le dis. Ne me croyez-vous pas ?

— Mais pas du tout, quant au compliment que vous venez de faire ; je vois que pour un marin, vous savez aussi flatter. Les hommes sont tous comme cela, c’est un sentiment inné chez eux.

— Pour l’appréciation du beau et du bien.

Le quadrille était terminé, et la foule, qui gagnait dans le salon des rafraîchissements, y entraîna St. Luc. Après avoir conduit Hermine dans un vis-à-vis, espèce de double fauteuil fait en forme d’un S, nouvellement en usage, il lui apporta une glace à la vanille, et s’assit près d’elle. Il se plaisait à la conversation vive et brillante de sa jeune compatriote, dont il admirait l’esprit en méme temps que la naïveté. La temps passait rapidement pour tous deux, quand Hermine aperçut Asile qui venait au devant d’elle.

— Voici ma sœur, dit-elle, je crois qu’elle me cherche. En effet elle la cherchait, pour lui annoncer