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UNE DE PERDUE

Je crains des-troubles sérieux ; quoique je n’ajoute pas une foi entière à tous ces rapports que je crois exagérés. Vous, M. de St. Luc, qui avez eu occasion tout dernièrement de visiter les paroisses de St. Ours et St. Denis, vous pouvez me donner quelques renseignements précis. Vous avez vu plusieurs habitants des plus influents de ces endroits, n’est-ce pas ? Que pensez-vous de leurs dispositions ?

— Vous me faites beaucoup d’honneur, Milord, de me demander ainsi mon opinion. Je suis étranger ici, à peine arrivé depuis six semaines ; et je ne suis guère capable de formuler une exacte idée de la situation.

— Mais enfin, vous avez passé presque tout votre temps avec des Canadiens, à Montréal et dans les campagnes ; vous me dites que vous êtes intime avec Rodolphe DesRivières, le Dr. Gauvin, André Ouimet, Edouard Rodier, et plusieurs autres jeunes gens de Montréal ; vous avez vu plusieurs fois l’honorable Louis Joseph Papineau, le Dr. Kimber, M. Drolet et les autres chefs du parti, qui s’appelle patriote. Croyez-vous que sincèrement ils aient l’intention de faire une révolution ?

— Milord, j’ai eu occasion, il est vrai, de voir ces personnes, souvent même ; mais je vous assure que loin d’avoir chez eux découvert aucune idée de révolution, je crois qu’ils ne pensent qu’à faire une pure agitation politique dans les limites de la légalité, pour attirer l’attention de l’Angleterre sur la situation du pays.

— Mais, cette société des Fils de la liberté, formée à Montréal, — n’avez-vous pas lu son adresse du 4 courant ? C’est un véritable manifeste rebelle ?