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UNE DE PERDUE

mille. Mais tout en cultivant chez ses filles les qualités d’agrément, elle n’avait pas oublié les qualités domestiques. Aussi les demoiselles de St. Dizier étaient-elles très-industrieuses ; elles aidaient leur mère dans tous les soins du ménage, et contribuaient par leur travail et leur économie à supporter dignement leur position dans le monde, sans luxe mais aussi sans trop de privations. À ces vertus se joignaient les plus strictes notions de morale et de piété ; leur mère leur avait enseigné que c’est dans une conduite irréprochable que se trouve la plus grande satisfaction du cœur ; et qu’une piété sincère, sans pruderie, est la plus grande consolation aux jours de peine et de chagrin.

Aussi était-ce pour elle un plaisir, comme une douce habitude, de monter tous les soirs, à l’heure du coucher, dans la fraîche et coquette chambre de ses enfants, et là, en ayant une à chaque côté, de faire la prière en commun. Ce devoir, rien ne pouvait le changer, qu’il y eut soirée, ou qu’elles eussent passé seules leur temps à la maison ; elles ne se couchaient pas qu’ellos n’eussent remercié ensemble le bon Dieu de leur avoir accordé une journée de bonheur. La prière faite, Madame de St. Dizier ne quittait ses deux enfants qu’après les avoir vues toutes deux reposant leurs belles têtes sur le même oreiller, les bras enlacés l’un dans l’autre, et lui souriant un bonsoir en réponse du baiser qu’elle déposait sur leur front pur et virginal.

Quelquefois c’était dans la chambre à coucher de leur mère, voisine de la leur, qu’elles faisaient ensemble la prière ; alors, elles lui disaient toutes les impressions qu’elles avaient éprouvées durant la