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DEUX DE TROUVÉES.

faire tous prisonniers ; car le nombre des habitants accourus à St. Denis vers la fin de la journée était assez considérable, se montant à près de trois cents ; nombre bien suffisant, pour s’emparer de troupes découragées, fatiguées par douze heures de marche, dans des chemins affreux, et qui, malgré leur artillerie, n’avaient pu déloger cinquante patriotes, comme on les appelait alors, d’une maison à l’entrée du village.

Le docteur Nelson avait donné l’ordre de ne pas poursuivre les troupes, désirant se tenir sur la défensive.

Cet ordre avait mécontenté un grand nombre, surtout parmi ceux qui étaient venus trop tard pour prendre part au combat. La plupart des jeunes gens étaient arrivés sans armes ou avec de mauvais fusils ; ils espéraient s’en procurer au village ou en prendre aux soldats. L’angelus du soir venait de sonner à l’église ; le village paraissait aussi tranquille que s’il n’y eut rien eu d’extraordinaire dans le cours de la journée.

Nous suivrons deux hommes qui se dirigeaient vers une maison un peu isolée des autres, en arrière du village.

— Que penses-tu qu’ils veulent faire, Siméon ? dit l’un d’eux.

Celui à qui s’adressait cette question, était un petit homme fluet, de vingt-cinq à trente ans, actif, intelligent et plein d’énergie.

— Je ne sais pas au juste pourquoi ils nous ont envoyé chercher ; j’ai cru comprendre qu’ils veulent faire une farce.

— Une farce, cette nuit ?