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DEUX DE TROUVÉES.

cette nuit. Nous voudrions que tu vinsses avec nous. Veux tu venir ?

— Dame, ça dépend ; dites-moi ce que vous voulez faire.

— On veut courir un charivari.

— Un charivari ? mais à qui ?

— Aux troupes, donc. Nous sommes ici cinq bons lurons ; vois-tu cette jeunesse, ça n’a pu venir à la noce ; ils veulent jouer un tour cette nuit ; je ne parle pas de ceux qui vont souper, ceux-là ne peuvent pas venir, ils sont de garde cette nuit.

— Je voudrais bien ; mais le général a défendu de les poursuivre.

— Nous nous moquons bien du général, répondit un des jeunes gens. Nous ne sommes pas enrôlés ; nous n’avons pas de fusils et nous voulons en avoir.

— Et d’ailleurs, reprit Meunier, nous ne les poursuivrons pas.

— Si vous ne les poursuivez pas, comment leur jouerez-vous un tour ?

— Tu vas voir. Nous avons envoyé chercher les deux porte-voix du traversier. Aussitôt que nous les aurons, nous partirons à travers les champs. Il fait noir comme chez loup. Quand nous verrons les troupes, qui sont déjà à demi-mortes de peur, nous crierons du porte-voix. Elles ne sauront pas ce que c’est. Nous nous cacherons, et plus loin nous crierons encore. Elles auront une fameuse peur et nous les mènerons comme ça jusqu’à St. Ours. Ca leur fera passer une bonne nuit.

— J’irais bien, mais il faut que j’aille à St. Charles demain, je suis à pied, je serais trop fatigué.