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UNE DE PERDUE

qu’elle venait de faire, il y avait tant de modestie et de dignité à la fois dans son regard, qu’il comprit qu’elle agissait sous l’impulsion d’un sentiment dont il ne comprenait pas exactement la nature.

— Ne me diriez-vous pas votre nom ? demanda-t-il respectueusement.

— Oui ; je m’appelle Henriette, répondit-elle sans hésiter.

Malgré lui, il éprouva un vif sentiment d’admiration pour cette jeune femme, et un grand désir de faire sa connaissance.

— Me permettriez-vous d’aller vous présenter mes respects chez vous ? continua-t-il.

— Je ne puis vous dire où je demeure ; et je ne pourrais vous recevoir…, pour le moment du moins. Ne m’en demandez pas d’avantage ; vous ne sauriez croire combien je suis peinée de vous répondre ainsi, après ce que je vous dois. Permettez-moi de vous quitter, monsieur.

— Mais je ne puis pas vous laisser aller seule ainsi ! vous pourriez être insultée. Laissez-moi veiller encore quelque temps sur vous. Je vous suivrai de loin.

— Oh ! monsieur, je vous en supplie, ne me suivez pas.

Le ton de la jeune femme était si suppliant, il y avait en même temps tant d’effroi dans son regard, que St. Luc ne put s’empêcher de manifester un mouvement de surprise et d’étonnernent. Il doit y avoir ici, pensa-t-il, un profond mystère ou un grand dévouement. Il hésita, puis il dit avec une émotion dans la voix :

— Doutez vous de ma franchise ou de mon respect en vous offrant ma protection, et craignez-vous que