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DEUX DE TROUVÉES.

le frôlement d’une robe de soie, sans presque voir la personne qui, venant à sa rencontre, passait à côté de lui. Il releva la tête et se retourna pour regarder. La taille de cette femme ainsi que sa démarche le frappèrent ; malgré toutes ses déceptions de la journée, il la suivit. Elle avait une pelisse de soie noire, un chapeau de velours de même couleur ; son voile était rabattu. Elle tenait de la main droite un petit manchon de vison ; elle marchait vite, et paraissait très-pressée.

Le cœur de St. Luc battit. Etait-ce elle ? Elle n’avait pas le même habillement ; mais elle marchait si bien comme celle qu’il cherchait ! Il eut envie de lui adresser la parole ; mais que lui dire ? Comment l’aborder ? Si ce n’était pas elle ? Enfin une idée le frappe ; il tire le mouchoir qu’il a trouvé dans le clos de bois, et qu’il portait dans sa poche. « Si elle ne me répond pas et qu’elle regarde le mouchoir, c’est elle, pensa-t-il, si elle répond, je connaîtrai sa voix. »

— Madame, lui dit-il, voici, je crois, votre mouchoir que vous venez de laisser tomber.

La dame prit le mouchoir, regarda au chiffre, le mit dans sa poche, salua, et continua sa route, sans avoir relevé son voile, ni dit une parole.

— Henriette, dit St. Luc d’une voix presque timide.

La jeune femme sembla hésiter un instant, puis elle se mit à hâter le pas.

— Henriette, si c’est vous, pourquoi ne pas me répondre ? Si je me trompe, pourquoi, Madame, ne me le dites-vous pas ?

— C’est moi, Monsieur, dit-elle d’une voix émue