et presque suppliante, je vous en prie, ne me retardez pas.
— Ah ! vous êtes toujours bien pressée de vous éloigner quand c’est moi qui vous parle ; si vous saviez combien je vous ai cherchée !
— Pourquoi me cherchiez-vous, Monsieur ? fit-elle avec un visible effort.
St. Luc était timide devant cette femme. Il se sentit confus, et ne sut que répondre.
— Me repoussez-vous ? dit-il enfin, d’un ton où sa voix tremblait un peu.
Henriette hésita un instant, puis répondit :
— Eh bien ! non, venez ; je n’ai pas un instant à perdre.
— Où allez-vous donc ?
— À la même place.
Un éclair de jalousie traversa la pensée de St. Luc ; il crut à un rendez-vous d’amour. Il aimait lui-même, sans connaître celle pour qui il se sentait un sentiment que les obstacles n’avaient fait qu’accroître. Il se redressa dans son orgueil, et lui dit sans réfléchir à l’inconséquence de ses paroles :
— Un rendez-vous ?
— Presque, répondit-elle ; pourquoi me faites-vous cette question ?
— Je suis fou. J’ai eu l’idée que ce pouvait être un rendez-vous d’amour.
— Et, quand cela serait ; quel intérêt cela a-t-il pour vous ?
— Henriette ! pardonnez-moi… je vous aime !
La jeune femme, qui n’était occupée que d’une seule idée, ne s’offensa pas de ce que venait de lui dire St. Luc.