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DEUX DE TROUVÉES.

— Vous dites que vous m’aimez ? pardonnez-moi à votre tour, si je vous dis que je n’en crois rien. Vous avez été intrigué un peu ; vous vous êtes mis en tête de découvrir qui j’étais, vous n’avez pu réussir, le peu de réussite vous a irrité ; c’est cette irritation que vous prenez pour de l’amour.

— Si vous saviez comme je vous ai cherchée ! tous les soirs je me suis rendu à l’endroit où je vous ai vue pour la première fois, espérant vous y trouver.

— Je le sais.

— Vous le savez ?

— Oui, j’ai passé à vos côtés en allant et en revenant hier et avant-hier ; j’avais pris des habillements d’homme. Je vous ai presque touché en passant, vous ne m’avez pas reconnue, mais je vous ai bien vu, moi. J’ai bien pensé que c’était le désir de me revoir, qui vous avait conduit cet endroit.

— Vous m’avez reconnu, vous saviez que c’était vous que je cherchais, et vous avez passé sans daigner me donner un signe de reconnaissance ! Vous êtes bien cruelle !

— Non, non ; je n’étais pas cruelle : si vous saviez ce que je souffrais d’être obligée de vous traiter ainsi. Mais le devoir m’y forçait.

— Le devoir ?

— Oui ! et la prudence.

— Devoir, prudence ! Avez-vous peur de moi ?

— Je vous ai donné la plus grande preuve possible que je n’avais pas peur de vous personnellement, et que j’avais confiance en votre honneur. Ce n’était pas cette crainte que j’avais.

— Mais quelle crainte donc ?