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UNE DE PERDUE

des maisons de l’endroit, crainte de commettre une erreur dangereuse. Le temps pressait ; elle craignait pour son frère qui, d’un instant à l’autre, pouvait être découvert et pris. Et, cependant, il fallait qù’elle remit cette note et en rapportât une réponse. Comme elle désespérait presque de trouver ce qu’elle cherchait, elle vit un homme sortir d’une maison un peu en dehors du chemin, qui faisait claquer un fouet. Il portait un capot d’étoffe grise et une tuque sur la tête. Quand il vit que la voiture s’arrêtait, il s’en approcha en sifflant « À la claire fontaine. »

M. de St. Luc, lui dit-elle, tout bas, demandez-lui donc, s’il n’y a pas, ici, un mai quelque part ?

— Y en avait un devant c’te maison, hier, répondit l’habitant, mais l’vent la j’tté à terre la nuit passée.

— N’est-ce pas ici qu’il y a du bon foin à vendre, lui demanda Henriette, prenant la parole.

— Oui, madame ; c’est moué qu’en vend ; vous faut y du trèfe ou du mil ; ou bain du mil et du trèfe mélés ?

— Combien vendez-vous votre mil et trèfle mêlés ?

— Huit piasses l’cent ; mais pour vous je le laisserais pour sept et demie et trois sols.

— Mieux que c’la ; sept et six sols.

St. Luc fut d’abord surpris d’entendre Henriette s’informer s’il y avait du foin à vendre ; mais il comprit bien vite que c’était un moyen de se reconnaître. En effet Henriette dit à cet homme :

— Vous êtes Mr. Barsalou ?

— Ne prononcez pas mon nom aussi haut ; oui, c’est moi ; répondit-il, en parlant correctement. En voyant votre voiture repasser au pas, j’ai cru que vous pouviez être la personne que le docteur devait