Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
DEUX DE TROUVÉES.

— Il sera mort, et je n’en serai guère plus pauvre. Je vous aurai été agréable peut-être, continua-t-il, en la regardant tendrement, et cherchant dans ses yeux à interroger sa pensée.

Elle baissa la tête. Des larmes coulèrent ; larmes de reconnaissance et de bonheur.

— Vous pleurez Henriette ?

Elle s’essuya rapidement les yeux, puis relevant la tête.

— Vous voyez, dit-elle, je ne pleure plus ; c’est la femme qui était faible ; la sœur doit être forte, encore pour ce soir. Je ne sais comment vous remercier, je vous devrai trop.

— Trop ! Ah ! un mot de votre bouche me paierait au centuple. Laissez-moi vous aimer. Dites, Henriette, me le permettez-vous ?

— Mais, Monsieur, vous ne me connaissez pas. Vous ne savez pas si je suis libre ou non.

— Ah ! vous n’êtes pas mariée. Votre mari ne vous laisserait pas vous exposer ainsi, seule, la nui», sans protecteur. Non, vous n’avez pas d’époux.

— S’il avait été forcé de se sauver, pour éviter la prison ?

— Vous êtes cruelle, Henriette ; vous ne croyez donc pas à mon amour ?

— Ne parlons pas de cela maintenant ; demain, dit-elle d’une voix basse.

— Mais où vous verrai-je demain ? dites-moi au moins votre nom.

— Pas ce soir. Excusez-moi ; vous voyez dans quel état de trouble je suis ; je vous en prie, permettez que je n’aie d’autre pensée maintenant que celle de sauver mon frère.