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DEUX DE TROUVÉES.

de douze. Nous pouvons leur tenir tête, jusqu’à ce que nous ayons du renfort, s’il était nécessaire.

— C’est bon, entrons, car il fait froid ici, et je veux voir les hommes.

La maison, comme nous le savons, était un peu en dehors du chemin au fond d’une cour. D’un côté de la cour, il y avait une longue remise et, au bout une écurie. Dans la cour on voyait quatre voyages de foin, et dix traînes chargées de bois de chauffage ; les chevaux étaient à l’écurie. La maison était basse, assez grande, et bâtie en pièces équarries, le tout blanchi à la chaux. On entrait dans une salle, au milieu de laquelle se trouvait un grand poêle double en fonte. Auprès du poêle, deux hommes, en capots d’étoile du pays, fumaient leurs pipes ; six à sept autres dormaient sur des robes de buffle. La salle n’était éclairée que par la lueur de la petite porte du poêle, dans lequel un bon feu était constamment entretenu par de gros quartiers d’érable, qu’y fourrait de temps en temps l’un des deux fumeurs.

Le docteur Chéuier et ses compagnons s’assirent derrière le poêle de manière à se trouver placés dans l’obscurité, d’où ils pouvaient voir ceux qui se trouvaient devant la porte du poêle ou entreraient dans la maison, sans être vus. Ils restèrent quelques instants jusqu’à ce que leurs yeux fussent accoutumés à l’obscurité et sans rien dire, examinant ceux qui se trouvaient dans la salle, c’est-à-dire les deux fumeurs et ceux qui étaient étendus, tout habillés, sur des robes de buffles.

Après s’être convaincus que tout était bien, et qu’il n’y avait pas de personnes indiscrètes dans la