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UNE DE PERDUE

lait mieux attendre la nuit, qui leur permettrait d’approcher de l’ile sans être vus.

Trim, qui s’était traîné sur le ventre à travers les herbes, pour avoir une meilleure vue de ce qui se passait au large, revint bientôt leur annoncer qu’il n’avait pu rien distinguer, et que les navires dont on avait parlé n’étaient pas visibles dans le rayon que ses yeux avaient pu embrasser de l’endroit où il s’était mis pour faire ses observations.

— Que penses-tu que nous devions faire, Trim ? lui demanda Sir Arthur ; devons nous attendre la nuit ou aller de suite les attaquer, avant qu’ils ne s’embarquent et ne nous échappent.

— Moué pensé valé mieux attendre la nuit.

— Mais, pour quelles raisons, Trim ?

— Parceque moué croyé li l’été une vingtaine, et nous yin qu’une dizaine ! moué pas peur, mais n’aime pas allé faire casser mon la tête comme ça en plein jour pour rien. Moué sûr mouri plusieurs.

— Mais s’ils allaient partir ?

— Pourquoi partir, si voyé pas nous ? ne savé pas y où l’été la frigatte à li, ne savé pas y où cutter ; non, li pas parti si voyez pas nous, mais si voyez nous vini, un, deux, trois, pirogues plein, le monde, alors moué cré ben li poussé chaloupe au large et li partir.

— Tu as raison, Trim, cria Tom en lui donnant avec force un coup de plat de sa main sur l’épaule ! Tu es un vieux buch ! et moi je vote pour attendre la noirceur.

Les raisons de Trim décidèrent la question et Sir Arthur, quoique à regret, se résolut à attendre la nuit. En attendant, ils préparèrent un souper de