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UNE DE PERDUE

Et toutes deux hâtèrent le pas. Arrivées au couvent, la prieure, vieille religieuse à la figure sévère, fit signe à la novice de s’éloigner, et s’adressant à celle que l’on faisait demander au parloir, lui dit :

— Le quart d’heure est sonné, vous savez qu’il ne vous est plus permis d’aller au parloir ; vous n’appartenez plus au monde depuis la demie de six ; jusqu’à sept heures, cependant, vous pouvez, en ma compagnie, voir et parler encore aux personnes du dehors, à travers la grille du guichet, pourvu que ce soit pour affaire indispensables. Si vous le désirez, j’irai parler à cette personne pour vous, afin que vous ne soyez pas distraite des pensées qui doivent vous occuper exclusivement pour vous préparer à l’heure qui approche.

— Ma mère, c’est quelqu’un qui vient au nom de mon père !

— C’est bien ! vous pouvez venir, la règle le permet.

Dans le parloir, un cavalier couvert de poussière, marchait avec impatience, faisant retentir sur les dalles de la salle ses éperons ensanglantés. Il regardait à sa montre, puis à la porte en chêne, forte, épaisse, noire qui communiquait avec l’intérieur du monastère. Il entendit des pas dans le corridor ; il s’approchât en tremblant malgré lui sous le poids de son émotion, il ôta son chapeau et essuya de son mouchoir blanc la sueur qui ruisselait sur son visage.

En ce moment, au lieu de la porte qu’il s’attendait à voir ouvrir, une plaque de fer coula entre deux rainures verticales et lui laissa voir, à travers la grille du guichet, à quelques pas en arrière, une religieuse grande, grave, sèche, tenant une jeune fille par la main. C’était elle ! Toutes deux tenaient la vue baissée.