Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
DEUX DE TROUVÉES.

laissées en arrière, de se presser en avant. Il suivit un instant de l’œil Ia fusée qui s’éleva en droite ligne au-dessus de la forêt, et éclata dans les airs en faisant une forte détonation.

— Maintenant, marchons ! Et il se précipita aveuglément sur la compagnie des Zéphyrs qui accouraient au secours de leur capitaine.

À la première décharge, Sambo tomba frappé d’une balle au cœur ; deux des siens furent blessés, et le reste tourna le dos, jetant le désordre parmi les colonnes de nègres, qui se hâtaient d’arriver, et les entraînèrent dans leur fuite.

Tous les esclaves du capitaine Pierre, qui étaient restés près de lui, hésitant sur ce qu’ils devaient faire, se jetèrent à ses genoux, pour implorer son pardon, aussitôt qu’ils virent la fuite des compagnons de Sambo.

— Retournez tous chacun dans vos cases, leur dit le capitaine, je ne connais aucun d’entre vous et demain, je ne saurai distinguer entre ceux qui sont restés fidèles et ceux qui s’étaient révoltés.

Les nègres du capitaine ne se firent pas prier, puis prenant un détour dans le bois pour ne pas tomber aux mains des patrouilles, ils se rendirent à leurs cases. Les autres se dispersèrent.

Ainsi se termina, sans plus d’effusion de sang, une des plus menaçantes insurrections qu’ait vues la Louisiane. Les nombreuses arrestations qui furent faîtes, sur plusieurs points de l’État, firent voir avec quelle vigueur la trame avait été ourdie et quelles vastes ramifications elle avait.