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DEUX DE TROUVÉES.

Ceci, répondit le capitaine, est une affaire de pur détail. Il suffirait que le transport en fut fait pardevant le régistrateur qui, sur son régistre ainsi que sur le dos du certificat, certifierait la transaction, la date et les noms des parties contractantes, ainsi que le consentement des maîtres.

— Je trouve le plan assez raisonnable en théorie, reprit le second interlocuteur, mais en pratique je suis presque certain qu’il ne réussira pas. Il y a une chose néanmoins que je ne trouve pas juste pour le propriétaire. C’est que le nègre qui meurt ait le droit de transmettre ses certificats à un autre esclave, qui par là se trouverait avoir racheté une grande partie de son temps par le travail d’un autre. N’est-ce pas déjà assez que le maître fasse une grande perte, par la mort de son esclave, sans que cet esclave lui en fasse subir encore une autre après sa mort, en libérant un autre esclave de tant d’heures de travail ?

Le capitaine ne put s’empêcher de sourire à l’objection un peu spécieuse du planteur, qui semblait avoir fait une forte impression sur les auditeurs.

« Il paraîtrait en effet qu’il n’est pas juste, mes amis, que le maître doive souffrir et par la mort de son esclave et par son legs ; mais si nous examinons un peu nous verrons qu’il ne souffrira rien de plus.

« D’abord, d’après notre système actuel, quand un nègre meurt, nous perdons bien son travail et nous n’avons pas à nous en plaindre ; de plus, s’il ne lègue pas de certificat, il ne, nous en a pas payé la valeur en bon argent dont nous avons joui et qui nous reste.

— C’est vrai, c’est vrai, répondirent plusieurs voix.