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robert lozé

d’étoffe du pays, sans aucune prétention, ils n’en réalisaient pas moins l’idéal qu’on se fait d’un grand seigneur ; idéal qu’on ne trouve pas toujours chez les descendants des croisés, qui ne dépend pas entièrement de l’éducation ni de la condition sociale ; qualité toute personnelle, qui seule confère la vraie noblesse et que lord Dorchester a su peindre par un mot immortel.

Peut-être était-ce quelque chose de semblable à cela qui manquait à Robert Lozé.

— Qu’y a-t-il à votre service, mademoiselle, demanda-t-il ?

Louise, un peu intimidée, hésita, et la dame qui jusqu’alors n’avait pas quitté son siège, se leva aussitôt comme pour sortir.

— Ne vous dérangez pas, je vous en prie, s’écria Louise, il n’y a rien de secret.

La dame reprit son fauteuil, pas fâchée peut-être d’entendre ce que pourrait bien dire cette autre jolie cliente.

Alors Louise raconta en peu de mots l’affaire, insistant surtout sur le danger qu’elle avait couru et sur le dévouement de Bertrand qui, surpris par un malfaiteur, avait déployé toute sa force pour protéger sa fiancée.

La dame avait pendant ce temps examiné attentivement la jeune ouvrière. Son intelligence et sa modestie devaient plaire. Son petit roman lui inspira de l’intérêt. Elle se leva et alla l’embrasser.

— Soyez tranquille, dit-elle, M. Lozé arrangera cela. Votre Bertrand est un héros.

Louise rougit de plaisir et ne répondit que des yeux.

— Quand a lieu l’enquête, fit Lozé ?

— Ce matin, me dit-on.

Après s’être enquis par le téléphone de l’heure de l’enquête, il s’apprêta à accompagner Louise auprès de Bertrand. La dame, en prenant congé, donna à la jeune fille son adresse et la pria de l’aller voir avec son fiancé.