Page:Bouchor - Les Poëmes de l’amour et de la mer, 1876.djvu/89

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XXXVI.

Non, les baisers d’amour n’éveillent point les morts !
Baise l’amour vivant de ta lèvre divine ;
Et le dernier soupir que rendra ta poitrine
Ne sera point chargé d’inutiles remords.

Non, les baisers d’amour n’éveillent point les morts.
N’en crois pas là-dessus les ballades anciennes !
Chantez, chantez toujours, lèvres musiciennes,
La chanson des amours qui vivent sans remords.

On ne fait point l’amour dans le lit froid des morts !
On ne se cherche pas des yeux dans la nuit noire.
N’en crois pas là-dessus quelque ancienne histoire ;
Sous terre on n’a pas plus d’amour que de remords.