Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/107

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C’est ainsi que je rêve en caressant des yeux
Celle dont je subis l’attrait mystérieux ;
Et, croyant exalter par mon fervent hommage
L’éternelle Nature, et non plus son image :
« C’est toi qui fais aimer, lui dis-je, mais pas un
N’a respiré ta vie ainsi qu’un frais parfum.
Du moins, nous te sentons éparse dans les choses,
Toujours une, à travers mille métamorphoses.
On croit t’apercevoir sous des voiles d’été ;
Et, par l’irrésistible attrait de la Beauté,
Tu diriges, suivant tes volontés sacrées,
Un monde merveilleux qu’avec lenteur tu crées.
Ah ! Nature, qui donc lutterait contre toi ?
La matière est docile au frein d’or de ta loi.
Livrant au bon soleil ses feuilles entr’ouvertes,
Qu’il est joyeux de voir si tendres et si vertes,
La plante solitaire attend l’heure d’aimer ;
Son silence t’implore, et tu feras pâmer