Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/124

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Sache faire un cruel aveu.
Renonce à la chimère ardemment poursuivie.
Tu ne peux pas rendre la vie
Aux membres dispersés de Dieu.

Tu voulus partager la foi de tous les âges
Et des peuples qui ne sont plus,
Rêver à tous les absolus,
Prier comme un enfant, penser comme les sages…
Mais des dieux ennemis se déchirent en toi.
Il faut choisir : quelle est ta foi ?

Je répondrai sans défaillance,
Je fuirai le troublant mystère que j’aimais,
Quand tout vestige de croyance
Devrait s’évanouir de mon âme à jamais !

Il fut doux de rêver aux choses éternelles,
D’interroger les temps, les races tour à tour,
Et, sans connaître Dieu, de croire en son amour,
De dormir confiant à l’ombre de ses ailes.

Mais, las de bégayer une vaine oraison,
Je veux descendre en moi, voir clair dans ma pensée.