Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/125

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Faut-il donc, pour la paix de notre âme angoissée,
Humilier en nous l’immortelle raison ?

O mon Dieu, frappe-moi, si j’enfreins ta défense !
J’ai mis la vérité plus haut que mon bonheur ;
Et ce n’est certes pas pour un stérile honneur
Que je vais à mon tour combattre le Seigneur,
Moi qui me sens vaincu d’avance…

O jours de foi profonde ! Un éternel regret
Saigne en moi, quand je rêve aux siècles de lumière
Où, n’ayant rien perdu de sa ferveur première,
L’homme, épris de tout, s’adorait
Dans le soleil, les vents, la mer et la forêt.
Sous le voile des apparences
Il croyait pressentir un merveilleux secret.
Une connaissait pas nos lugubres souffrances,
Nos doutes, les sanglots que je refoule en moi.
L’univers, dans ses mains, devenait un symbole ;
Des êtres radieux naissaient à sa parole…
Ah ! que n’ai-je vécu dans cet âge de foi !