Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/128

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Oui, nos péchés, Seigneur, assombriraient tes fêtes ;
Mais pourquoi notre instinct du mal est-il si fort ?
De quel droit frappes-tu des êtres sans remord ?
L’enfant doit-il subir l’angoisse de la mort ?
Pourquoi la souffrance des bêtes ?

Quelques-uns connaîtront, dans ta haute Cité,
L’immuable félicité.
Mais quel juste, malgré les plus dures épreuves,
Est digne d’un bonheur qui ne finira plus ?
Ou pourquoi réserver à de rares élus
Le vin sacré dont tu t’abreuves ?
D’autres âmes ont soif de joie et de repos.
Leurs mélancoliques troupeaux
Vont errer, sans que nuise souvienne encor d’elles,
Dans les limbes obscurs, par les prés d’asphodèles,
Tandis que de beaux chants, mêlés à des bruits d’ailes,
Retentiront dans ton palais…
Peupleras-tu l’enfer ? est-ce que tu te plais
Aux hurlements de la Géhenne ?
Tes prêtres nous l’ont dit. O Seigneur, confonds-les,
Si tu n’aimes point notre haine.