Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/139

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— Ah ! j’ai cru trop longtemps à des paroles vides.
— N’importe : il faut marcher. Veux-tu prendre pour guides
Deux hommes entre tous, deux chercheurs intrépides ?
— Oui, je le veux ; pourvu qu’après ce vain effort
Je dorme d’un sommeil de mort !

Allons, malheureuse âme, invoque en ta détresse
Le plus mâle penseur qu’ait enfanté la Grèce.

Hors du monde éternel et pourtant limité,
Dieu médite en silence. Il meut par sa beauté
La nature suivant les lois de l’harmonie ;
Et, solitaire, il goûte une paix infinie.
Tout le cherche, troublé par un désir secret ;
Tout l’aime, tout subit l’irrésistible attrait ;
Le monde, en tressaillant, devine sa présence.
Mais le bien et le mal sont tous deux en puissance
Dans l’aveugle matière, où naissent tour à tour
Des êtres plus ou moins ennoblis par l’amour ;
Et, comme il doit garder sa dignité suprême,
Dieu, source de tout bien, ne connaît que soi-même.