Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/175

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Vois : le calme soleil a fécondé le sol.
La nuit rêve et s’oublie au chant du rossignol ;
Elle a donné pourtant à la terre épuisée,
Chaque soir, le repos et la fraîche rosée.
Aussi, comme elle est drue et haute, la moisson !
Seras-tu digne, un jour, d’entonner sa chanson ?
La Nature au travail de l’homme s’est unie
Pour une œuvre de paix, de force et d’harmonie.
Que l’air libre des champs retrempe ta vigueur !
Méprise une stérile et coupable langueur.
Aime, puisque l’amour te brûle et te pénètre ;
Mais ne te laisse pas absorber par un être.
Adore la Beauté, dont les flots éclatants
Baigneront l’univers jusqu’à la fin des temps.
Elle rayonne en tout : dans l’inerte matière
Que de puissantes lois embrassent tout entière ;
Dans la vie, émergeant du rêve et de la nuit,
Qui cherche la lumière et qui s’épanouit
En une floraison d’innombrables espèces.
Quand tu déborderas de mystiques tendresses,
Pense à l’Humanité qui souffre et qui grandit.
L’un rit de sa démence et l’autre la maudit