Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/18

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poèmes, tels que L’Âme heureuse, Nuit d’été, Le chant de Vishnou, semblent mieux répondre à cette pensée ; mais ils sont trop isolés pour qu’on ait le droit d’y voir une fidèle expression de l’ensemble.

On peut croire que la suppression pure et simple du Prologue arrangerait tout ; mais il y a aussi la conclusion du livre. Après une longue série de poèmes impersonnels, par le fond si ce n’est par la forme, je réponds d’une manière plus satisfaisante aux données du Prologue, en reprenant parole pour mon propre compte. J’apparais alors comme un homme poursuivant la Vérité avec angoisse, et cela ne s’accorde guère avec l’esprit général des Symboles, qui implique par avance l’impossibilité de faire aboutir de pareils efforts. Enfin, après de pénibles détours sur lesquels je reviendrai, j’arrive à une conclusion purement morale, qui est censée être nouvelle pour moi ; mais tout lecteur attentif jugera que tant de circuits étaient inutiles. En écrivant Adam et Ève, Hercule, Odin, j’exprimais par anticipation, au sujet de la vie humaine et de notre devoir présent, les idées contenues dans L’Homme-Dieu et dans l’Épilogue des Symboles. La loi morale mise en dehors et au-dessus de toute hypothèse particulière sur le divin, donc indépendante de la question des origines et pouvant se passer de toute sanction, tel est bien le sens intime de ces trois poèmes ; et c’est aussi la conclusion du livre entier.

Il est fâcheux de voir un homme se donner grand mal pour étreindre une vérité qui est déjà en sa possession. Mais l’usage que je fais de mon libre arbitre, longtemps abdiqué,