Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/185

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Vivre à genoux dans l’ombre et la fraîcheur du temple,
C’est aimer la justice avec peu de ferveur.
Voici longtemps que l’âme humaine te contemple,
Christ, et nous sommes las de prendre pour exemple
Madeleine rêveuse aux pieds de son Sauveur.

Mais qui peut oublier ta charité sublime ?
Quand tu rendis l’esprit, quand tout fut consommé,
Tu devins, ô Jésus, l’idéale Victime.
Devant toi brûle encore un encens légitime ;
Nul n’aima comme toi ; nul ne fut tant aimé.

Il s’était rencontré, dans de glorieux âges,
D’aussi nobles esprits, des cœurs presque aussi grands ;
Mais la foule, qui fuit les austères visages,
Ne les connaissait point ; il parlaient pour les sages,
Et non pour les petits, les faibles, les souffrants.

Toi, tu promis le Ciel. Dans ta pitié profonde,
Tu fis enfin fléchir l’antique et dure loi.
Tu marchas au supplice et ta mort fut féconde.
Tes bras sanglants s’ouvraient pour embrasser le monde :
Toute l’humanité fut incarnée en toi.