Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/189

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Ma pensée est à toi : comment te nierait-elle,
Puisqu’elle n’est plus rien sans ta langue immortelle ?
Si j’ai voulu servir les hommes, c’est par toi.
Seule, tu m’as donné mon invincible foi.
Comme tous tes enfants, Mère à jamais bénie,
J’ai ma part de ton cœur, ma part de ton génie.
Ne t’es-tu pas dressée, ardente, pour le Droit ?
N’as-tu pas élargi le monde trop étroit
Et pétri l’avenir dans tes mains souveraines ?
Les siècles béniront tes victoires sereines.
C’est pour l’avènement d’une éternelle paix
Que, dans ta majesté terrible, tu frappais
Les peuples répandus sur ton fier territoire.
Cet âge fut sanglant ; tu payas ta victoire.
O moisson de héros et de purs citoyens !
Par leur vie et leur mort les plus justes des tiens
Te firent grande, ô toi que la gloire illumine,
Comme la Grèce antique au jour de Salamine.
Certes, nous poursuivrons notre œuvre ; mais tes fils
Ne sont pas dédaigneux des vertus de jadis.
Ils s’agenouilleront sous ton joug salutaire ;
Pour eux tu resteras sacrée, ô noble Terre.