Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/21

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Voici donc ce que serait une édition des Symboles, je ne dis pas définitive, car le mot indiquerait une ambition déplacée, mais du moins complète et homogène. Tout d’abord, je conserverais le titre du livre ; la signification seule en serait encore modifiée. J’entendrais par le mot « symbole » le résumé d’une croyance, comme lorsque nous dirons : le Symbole de Nicée. J’écrirais un nouveau Prologue, mieux en rapport avec la nature du livre. Mes propres sentiments ne seraient pas directement en cause ; il n’y aurait aucune allusion à telle crise de mysticisme que j’ai pu traverser. Je parlerais au nom de tous les hommes, prenant le droit de le faire dans une sympathie irrésistible pour les nobles rêveries qu’a suscitées en eux l’angoisse du Mystère universel. Je dirais ce que furent, à divers degrés, les religions : un effort pour expliquer l’Inexplicable, une loi morale mise à la portée de tous, une voie menant au salut en ce monde ou ailleurs. Je les bénirais sans attendre d’elles rien de précis, sans la trouble espérance d’une foi subite, mais ému par ce qu’il y eut en elles de vie profonde, de beauté, de grandeur morale. Je m’arrêterais en frémissant au seuil du Mystère qu’elles n’ont pu rendre moins impénétrable.

Le premier volume, embrassant les principales croyances antérieures à la naissance de Jésus, ne subirait aucune modification. Le second serait consacré presque uniquement au christianisme. Il reste, avec le bouddhisme, le plus grand fait religieux de l’histoire ; il fut intimement mêlé à la vie de notre race ; il est le seul qui ait eu une action directe sur nous, hommes du moderne Occident ; avec lui, enfin, s’il