Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/217

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I

Rose pleine de grâce, es-tu sainte Cécile ?
Afin de m’exalter par un chant séraphique,
As-tu quitté le Ciel d’où le remords m’exile,
Toi dont l’âme suave est faite de musique ?

Oui, je t’ai vue, aux jours de pureté sereine,
Déployer l’or vivant des riches harmonies ;
J’ai vu tes belles mains, tes nobles mains de reine,
Interroger un orgue aux splendeurs infinies…

Les fleurs avaient tissé nos tuniques de gloire ;
L’amour ne m’était pas une cruelle angoisse ;
Près de toi j’ignorais la flamme expiatoire,
La tendresse qui saigne et qu’un sourire froisse.

J’aimais à suivre, sur le diamant des touches,
Tes doigts qui donneraient une âme aux choses mortes ;
Le psaume s’élançait de millions de bouches ;
Le Ciel mélodieux sentait frémir ses portes.