Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/22

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doit disparaître, s’évanouit pour nous toute croyance positive. Il serait donc naturel que le christianisme, en regard des religions qui l’ont précédé, remplit à lui seul la seconde partie des Symboles. Après avoir montré sous divers aspects la doctrine chrétienne, non pas suivant mes propres imaginations, mais d’après les Écritures, j’évoquerais, afin de donner une plus complète idée du monde où s’élabora la foi nouvelle, cette pensive et sublime figure de Marc-Aurèle ; puis je conterais la tentative désespérée du noble Julien pour ressusciter les dieux ; ensuite j’indiquerais, à l’Orient, le lever d’une nouvelle et puissante religion, l’Islam ; enfin, revenant vers le Christ, je conclurais par un poème à la gloire de saint François d’Assise, parfaite incarnation de l’esprit évangélique.

Il semble qu’après le XIIIe siècle le catholicisme ait commencé à décliner ; du moins cessa-t-il d’être l’expression complète, unique pour ainsi dire, de la vie morale et intellectuelle en Occident. D’autre part, rien n’a pris sa place. J’ai eu tort de consacrer un de mes poèmes (Nature) à la Renaissance. Sans parler de ce que le symbole choisi a de bizarre et de factice, il faut reconnaître que le culte de la science et de la beauté, pour noble qu’il soit, ne saurait tenir lieu d’une religion. La Réforme, envisagée comme une tentative de retour vers la simplicité de l’Évangile, ou comme une reprise de la doctrine paulinienne de la justification, n’offre aucun symbole nouveau. Il est vrai que, d’autre part, elle ouvrit une voie à la critique moderne ; mais, si la critique a beaucoup détruit, elle n’a rien édifié. Il est d’ailleurs