Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/228

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Mais, parce que ton cœur est toujours solitaire,
Tu ne ressembles point aux oiseaux de la terre ;
Tu ne saurais verser les trésors de ta foi
Dans une âme digne de toi.

Qui froissera jamais les roses de ta couche ?
Qui pourrait, sans mourir, entendre de ta bouche
La musique des lents et suaves aveux ?
Qui baisera tes beaux cheveux ?

Au pays de l’encens, du nard et de la myrrhe,
Voici que le Phénix impatient soupire
Après l’heure où son corps doit périr consumé ;
Lui non plus n’aura point aimé.

Un héroïque amour de sa forme future
Fait qu’il salue ainsi sa prochaine torture :
« Viens me purifier des souillures du temps ;
Jaillis, ô flamme, je t’attends. »

O radieux Phénix, je comprends ta tristesse.
Rien ne te guérira de l’amour qui te blesse ;
Car, seule de sa race en un monde trop vil,
Ton âme y souffre un dur exil…