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LE MONT DES OLIVIERS


 

LE CHRIST


C’est la dernière fois, nuit aux pudiques voiles,
Que pour le Fils de l’Homme auront lui tes étoiles.
La terre fatiguée aspire ta fraîcheur ;
L’air palpite. A présent, la barque du pêcheur
Livre au vent qui se lève une toile gonflée
Et fend les sombres eaux du lac de Galilée.
L’odeur des premiers lis embaume tout le ciel ;
La douce nuit les berce, et leur souffle de miel
Achève de troubler mon cœur et ma pensée.
Demain, dans tout son être affreusement blessée,
Celle qui m’a nourri verra saigner mon corps,
Et pour moi sa douleur sera presque un remords…
Une étrange pitié joint les âmes entre elles ;
Qu’ils sont forts, ces liens si tendres et si frêles !