Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/255

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La lumière est par moi de toute éternité ;
L’amour épanouit mon visage irrité…
Un Fils palpite en moi ; mon bien-aimé ressemble
A la jeune colombe, au doux oiseau qui tremble
Sous l’aile de sa mère et dans l’ombre du nid.
Une félicité parfaite nous unit.
Il est mon propre cœur plus ardent que la flamme,
Le rire de ma joie et le chant de mon âme !
Sa pure charité m’embrase, et j’ai voulu
Qu’un monde radieux adorât mon élu.
J’ai tout créé par lui, car il est la Sagesse ;
Les anges, bénissant ma divine largesse,
Ont les yeux sur celui que j’ai nommé leur roi ;
Et mon Fils, pauvre cœur désespéré, c’est toi !


LE CHRIST

Entends-tu les sanglots qui brisent ma poitrine ?…
Un ange m’apparaît. Sa robe est purpurine.
Il me regarde avec une tendre pitié…
Pourquoi ton Fils est-il durement châtié ?
Le messager s’avance, ému de mon supplice ;
Et voici qu’il recueille en un large calice
La sanglante sueur qui coule de mon front.