Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/259

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Je veux être dans l’homme une source profonde,
Et je m’incarnerai tout entier dans le monde.


LA VOIX

O toi, ma douloureuse et sainte Humanité,
O victime, ô mon Christ ! Je suis épouvanté
De voir, à ton flanc nu, saigner le coup de lance.
Est-ce bien là mon Fils ? et le morne silence
Devait-il éclater en un cri de douleur ?
Je regarde la croix, ta livide pâleur,
Tes bras tordus, tes mains cruellement percées,
Et je vois palpiter tes yeux pleins de pensées.
Ah ! te verrai-je ainsi jusqu’à la fin des temps ?
Tes lamentations, mon Fils, je les entends.
Je souffre dans ton corps coupé par les lanières ;
J’assiste, plein d’angoisse, aux épreuves dernières
Où ton âme défaille et sent mourir sa foi,
Et tes sanglots perdus retentissent en moi !


LE CHRIST

Mais le Crucifié te contemple, mon Père.
La sereine clarté de ses yeux exaspère