Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/38

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Il va, je t’en préviens, surgir devant ta porte.
Ouvre, et referme-toi sur lui. Ceci m’importe.
Car, chassant les démons qui tourmentent les corps,
Rendant l’ouïe aux sourds, la lumière aux yeux morts,
Guérissant mes lépreux et mes paralytiques,
Cet homme au doux langage, aux regards extatiques,
Me faisait une guerre opiniâtre. Mais
Aujourd’hui je triomphe et je te le soumets.
Certe, il n’est pas le Fils de Dieu comme il s’en vante,
Ce discoureur subtil que la Mort épouvante !
Au mont des Oliviers, où je rôdais hier,
Je l’ai vu tout baigné de sueur et peu fier.
Voilà donc le rabbi vantard qui me résiste :
Un pauvre homme dont l’âme, à ce qu’il dit, est triste,
Triste jusqu’à la mort ! Oui, de son propre aveu.
Mais que dis-je ? Il n’est plus. Abandonné par Dieu,
Qui le laissa clouer sur l’arbre du supplice,
Brisé, livide, ayant épuisé le calice,
Bu le fiel et tordu ses misérables bras,
Il a rendu le souffle entre deux scélérats. »

Une autre voix, la voix ténébreuse du gouffre,
Parmi de bleus éclairs et des vapeurs de soufre,