Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/41

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Toi, du moins, tu seras à jamais torturé
Par une intolérable angoisse ; et je rirai
De te voir englué jusqu’aux yeux dans mes fanges,
O porc immonde, toi sur qui crachent les anges ! »
Une grande clameur s’éleva parmi nous.
Joyeux de bafouer le vieux Serpent jaloux,
En le cherchant des yeux nous criâmes ensemble :
« Satan ! Satan ! malheur à toi ! pâlis et tremble ! »
Reconnaissant alors sa monstrueuse erreur,
Le Maudit bégaya des mots pleins de terreur ;
Puis, tout à coup, hurlant : « Je ne veux pas qu’il entre !
Je défends même à Dieu de violer mon antre.
N’as-tu pas des verrous et des chaînes de fer,
O mon antique ami, mon exécrable Enfer ?
Qu’avons-nous à trembler comme deux feuilles mortes ?
Qui me vaincra ? Qui donc, ayant brisé tes portes,
Que Michaël forgea d’inébranlable airain,
M’arrachera les clefs du monde souterrain ?
Qui posera son pied sur ma nuque ? Silence,
Vous, les âmes ! Celui qu’a transpercé ma lance
Ne délivrera point ses stupides élus,
Ses justes que je hais… »